Froid battement des sabots du palefrois sur le sol gelé du Sud du Berry. Les terres peu vallonnées perdaient déjà leur parure gelée, perçant le manteau pâle de l'hiver par d'intenses pointes vertes et brunes. Forêts et vallées revivaient à l'approche du printemps. Aussi, Constantin, revêtant une cape sombre, avait il décidé de quitter Tours pour quelques jours, histoire de rendre visite à ses cousins berrichons. Ce n'avait pas été facile de quitter la ville. Suite à la fuite de Bart avec les caisses municipales, il se sentait surveillé. Pourtant Bart n'était qu'un cousin par alliance. Agnesia était partie, Camille aussi avait préféré fuir. Et la cité avait pris soudain un rythme lent, monocorde, que quelques bonnes âmes tentaient d'enrayer.
Croyant réanimer la ville, certains paroissiens avaient même jugé bon d'ouvrir un bordel... Consterné le Constantin.
Il poussa son cheval plus fort. Et la campagne défilait à ses côtés. Les terres de Chaillac étaient fort belles à cette époque de l'année. Bien installé il contemplait ici les arbres, là les ruisseaux et les troupeaux à la recherche de quelques herbes. Mais Constantin de Noldor était triste. L'hiver prenait fin, mais pas pour lui.
Sa future épouse, Deli, venait d'entrer au couvent. Un soir, dans la ville, elle s'était enfuie vers le Couvent des Soeurs d'Aristote à Tours. Et malgré son statut de clerc et ses amitié dans l'église, il n'avait pas pu entrer pour la voir. Il faut dire qu'elles gardaient bien leurs protégées. Constantin, lui, était seul désormais. Et Deli, celle qu'il aimait, lui manquait terriblement.
Au détour d'un sentier forestier, il aperçut Fortillesse, où séjournait Pandorha. Il accéléra le train en direction du château. Une fois arrivé devant la tour de garde, il dit :
Ola, du château ! Je suis le frère Constantin de Noldor, je viens voir la Baronne de Buzançais !
Et il attendit qu'on lui ouvre les portes...